Surf: Ludovic Dulou, l’exploit comme exutoire

Comme un oiseau sur sa branche, Ludovic Dulou a trouvé son équilibre sur une planche. Enfant du terroir, il a glissé vers l’océan et signé des exploits en paddleboard pour calmer une grande souffrance.
A Bidart, bourgade du sud-ouest de la France, Ludovic Dulou commence sa journée par une virée dans l’Atlantique sur sa planche. Surfeur et maître nageur sauveteur, son truc, c’est surtout le paddleboard, un sport créé par les +life guards+ australiens dans les années 1990.
« Les surfeurs polynésiens que j’ai vu surfer et qui m’ont inspiré sont en harmonie totale, ils communient avec la vague et ça se voit du bord. Je m’en imprègne et j’essaie de le mettre en œuvre sur moi », raconte à l’AFP celui qui se dit « guide de l’océan ».
Avec sa compagne Karen, ils décident de s’installer dans le pays basque. « J’avais besoin de vivre quelque chose avec l’océan, mais je ne savais pas quoi ». 
Sa compagne est atteinte d’un cancer à un stade avancé. 
« Les médecins lui donnaient très peu à vivre. Au final, elle a tenu six ans. Au début, on n’écoutait pas, on était rebelles. Sa famille n’était pas là, ni la mienne, on était livrés à nous-mêmes », se souvient Dulou, qui a livré pour la première fois son histoire dans un film de 52 minutes, tourné durant cinq ans et intitulé « L’albatros » (Oxbow).
« J’avais une raison forte de m’engager là-dedans, aller voir les psys, ça n’existait pas trop à ce moment-là. J’ai commencé à gagner des petites compétitions, j’ai regardé ce qui se faisait chez les maîtres nageurs sauveteurs à Hawaii et en Australie. J’ai appris sur eux et est venu ce rêve, cette course Molokai ».
« En 2004 nous sommes partis avec Karen à Hawaii vivre cette première traversée unique avec tous les meilleurs sauveteurs du monde et surfeurs. C’était un rêve absolu pour moi et pour elle. La maladie gagnait, on en avait conscience. Sans le savoir on a cultivé quelque chose de fort et au final, ça a renforcé notre lien mais ça a aussi accentué la souffrance une fois qu’elle est décédée, je m’en suis rendu compte après », dit-il.
« J’avais sous estimé l’après », poursuit-il. « Je pensais qu’il fallait tenir pour l’aider à aller au bout du chemin. Je pensais que je faisais ma mission de chevalier, je me retrouvais dans mon rôle de sauveteur finalement, et je pensais qu’après… Je ne sais pas d’ailleurs. Après, j’ai accusé le coup. Je ne vais pas vous faire pleurer mais la réalité a été dure. Je me suis rattaché à ce que je pouvais, et la liane, c’est le paddleboard ». 
Durant plusieurs années, il aura l’ultra performance comme thérapie. Désormais, apaisé, il se dit heureux et chanceux, aux côtés de sa compagne Aurélie. Ce fils de médecins de campagne, diplômé en histoire de l’art et passionné d’archéologie et d’anthropologie, a ajouté de nouvelles cordes à son arc: il est coach et éducateur sportif.
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