Solitaire du Figaro: une course pour « aller au bout de soi-même », prévient Jean Le Cam

Jean Le Cam possède l’un des plus beaux palmarès de l’histoire de la Solitaire du Figaro, dont le départ sera donné dimanche au large de Saint-Nazaire. Il revient pour l’AFP sur cette course au large mythique qui impose depuis 1970 aux marins « d’aller au bout d’eux-même ».
« C’est une course extraordinaire, avec chaque année un niveau très élevé », affirme Le Cam. Il fait partie du cercle restreint des triple vainqueurs (1994, 1996, 1999) avec Philippe Poupon, Michel Desjoyaux, Jérémie Beyou, Yann Eliès et Armel Le Cléac’h.
« Elle est éprouvante car elle ne te laisse pas le temps de te reposer. Les étapes durent entre trois et quatre jours et c’est un classement au temps, tu peux tout perdre sur une étape. Au deuxième jour, si tu n’as pas dormi, il ne te reste plus qu’à aller au bout de toi-même », estime le marin breton de 63 ans.
Le « Roi Jean », surnom dont il a hérité après un troisième sacre lors de la dernière de ses seize participations en 1999, égrène les facteurs qui feront la différence à l’arrivée le 8 septembre à Saint-Nazaire: « La préparation, la connaissance du bateau et du parcours… Et puis forcément, il y a toujours une petite part de chance », glisse-t-il, taquin.
Un soupçon de chance qui lui a peut-être manqué lors de la Solitaire de 1993, première édition qui lui vient en tête quand on lui demande d’évoquer un souvenir de course.
Parti pour la dernière étape d’Irlande avec plus d’une heure et demie d’avance en tête du classement, Le Cam se retrouve scotché dans le calme plat en retournant vers les côtes bretonnes. Il termine finalement deuxième, à plus de deux heures de Dominic Vittet.
– « Situations complètement inattendues » –
« Il pleut, peu de vent, du courant contre, c’est parti devant et puis voilà, je n’ai rien pu faire (…) Cette course, c’est aussi des situations complètement inattendues. On peut prendre des heures dans la vue sur un coup météo », se rappelle-t-il.
Lorsqu’il a commencé à disputer l’épreuve en 1978 (appelée alors Course de l’Aurore, NDLR), les navires pouvaient présenter des dimensions différentes. Mais depuis 1991, la Solitaire a adopté la monotypie. Les concurrents s’alignent sur un voilier identique, actuellement le Figaro Bénéteau 3, un monocoque de 10,85 m de long.
« Avant il fallait avoir le meilleur bateau, maintenant on part à chances égales. La victoire est quand même plus accessible », apprécie le héros du dernier Vendée Globe. 
Et c’est précisément cette notion d’accessibilité qui anime le Finistérien depuis qu’il a posé le pied à terre de retour de l’édition 2020/2021 de « l’Everest des mers », marqué par son sauvetage héroïque du marin naufragé Kevin Escoffier.
Il s’est lancé avec le skipper Eric Bellion dans un projet collaboratif appelé CommeUnSeulHomme avec pour objectif de construire plusieurs voiliers identiques, à coûts réduits car sans foils -ces appendices latéraux qui permettent au bateau de voler-, une technologie coûteuse qui n’est pas la clé du succès, selon Le Cam.
A ce jour, un premier bateau est en cours de construction, celui de Bellion, qui doit être mis à l’eau au printemps 2023. Le Cam lui cherche encore des financements pour lancer la construction de son navire qui portera le nom de Yes We Cam. 
« Avec, j’aimerais faire la prochaine Transat Jacques-Vabre en novembre 2023, puis le Vendée Globe 2024. On prend une voie totalement différente des autres et je trouve que c’est ça qui est passionnant dans la course au large », résume le marin chevronné.
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