Ski alpin: Alexis Pinturault, cristal gagnant

« A m’asseoir sur un banc cinq minutes avec toi »… Alexis Pinturault a rarement eu le temps de la contemplation. Le skieur a travaillé sans relâche, surmonté plusieurs désillusions et fait des choix forts pour s’épanouir jusqu’à devenir samedi le N.1 mondial de sa discipline.
En guise de sucrerie, Alexis Pinturault dévore depuis plus de dix ans les podiums en Coupe du monde, 70 au total, dont 34 victoires, soit le 9e skieur le plus victorieux de l’histoire, de très loin le meilleur français.
Ce talent polyvalent, capable de briller sur presque tous les terrains, fait rapidement l’unanimité comme « le nouveau Killy », l’équivalent sur les pentes enneigées du nouveau Zidane.
– Nouveau départ en 2017 –
Né le 20 mars 1991 à Moûtiers, Alexis est biberonné à l’excellence dans cette famille propriétaire de deux hôtels de luxe dans la station chic de Courchevel, créés dans les années 1960 et 1970 par les grand-parents. « Le deuxième c’est le premier des derniers », lance Claude Pinturault, coutumier des punchlines.
En 2017, quatorze ans plus tard, dans un étrange parallèle, nouveau choix fort: quand la neige recouvre les massifs il pose ses valises en Autriche, à Altenmarkt, et crée sa cellule d’entraînement personnalisée, qui s’étoffe un an plus tard.
Cette étape marque un nouveau départ pour lui: après une saison d’adaptation il devient champion du monde du combiné en 2019 à Are (Suède) et, devenu plus régulier, il termine deuxième du classement général en 2019 derrière le roi Marcel Hirscher, qui l’a battu et inspiré, puis en 2020 derrière le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde, avant de triompher en 2021, le jour de ses 30 ans.
Le changement est né d’une blessure profonde, aux Mondiaux de Saint-Moritz (Suisse) en février 2017. Après un zéro pointé, le timide et distant Alexis, sa mâchoire carrée serrée comme jamais, s’effondre en larmes en zone mixte et s’écroule sous le poids de sa propre exigence et des attentes médiatiques.
Malgré cinq médailles mondiales et trois podiums olympiques, Alexis connaît d’autres échecs marquants, qu’il apprend à évacuer. En février, grand favori, il s’élance en dernier sur la 2e manche du géant des Mondiaux de Cortina d’Ampezzo avec une avance confortable, mais se rate de façon inexplicable.
« Il prend peut-être plus de recul, il dramatise moins les mauvais résultats et attache moins d’importance aux bons résultats, note son entraîneur Fabien Munier. Je le sens plus épanoui de manière générale. Il commence petit à petit à faire craquer la carapace qu’il avait mis autour de lui. »
Pas trop adepte des meutes, c’est seulement avec elle et leur chienne Joia, au détour d’une balade en nature, appareil photo en bandoulière, qu’Alexis Pinturault saura oublier, savourer. Et finalement contempler.

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