Sanction/Cavani: « attaque » contre la culture uruguayenne ou héritage raciste ?

« Quand on touche à un Uruguayen, on nous touche tous », lance Silvina Rosas en collant sur des bouteilles de vin une étiquette portant la mention « Gracias Negrito », l’expression qui a valu à la star du football Edinson Cavani une sanction pour « racisme » en Grande Bretagne. 
« Gracias Negrito » signifie littéralement « Merci petit Noir ». En Uruguay, l’expression très courante se veut affectueuse et peut être adressée à n’importe qui, quelle que soit sa couleur de peau.
Propriétaire d’une entreprise de distribution de vin, elle a eu l’idée de faire un photomontage avec la mention incriminée. Devant le succès sur les réseaux sociaux, elle s’est finalement décidée à coller ces étiquettes sur des vraies bouteilles et les demandes ont explosé.
Cette initiative est symbolique de l’avalanche de réactions provoquée dans le petit pays sud-américain de 3,5 millions d’habitants par la sanction contre sa star internationale.
Car pour beaucoup d’Uruguayens, la sanction de la FA relève avant tout de l’ignorance de la culture locale où les mots « noirs », « noires » et leurs diminutifs peuvent être utilisés de manière amicale. 
– « Auto-critique »-
Pour le footballeur afro-uruguayen Mathias Acuña, 28 ans, la sanction à l’encontre d’Edinson Cavani est injuste car ce dernier n’a jamais commis d’acte pouvant être interprété comme raciste, mais elle ne doit pas masquer la discrimination qui existe en Uruguay. 
Selon un rapport de la Banque mondiale de 2020, l’Uruguay se distingue en Amérique latine pour ses « politiques sociales très progressistes et son faible niveau d’inégalité », mais certaines personnes sont « plus susceptibles d’être exclues », notamment les Afrodescendants qui représentent 8% de la population. 
« D’abord parce qu’il s’agit d’une idole d’envergure internationale, avec tout ce que cela implique pour un pays où le football est roi comme l’Uruguay, ensuite cela a renvoyé un miroir à toute la société car c’est vraiment une habitude de dire +Negrito+ ou +Negrita », dit-il. 
Comme ailleurs en Amérique latine, la population afro-uruguayenne descend des esclaves emmenés dans le pays sud-américain à l’époque de la traite négrière. 
« Cela montre que ces personnes n’ont pas conscience de ce que nous demandons : que cette expression soit supprimée du langage courant », a-t-elle déclaré.
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