Ruben Limardo, champion olympique d’escrime et coursier en Pologne

« Je suis bien Rubén Limardo Gascon, champion olympique », asséne en souriant l’escrimeur vénézuélien, une grosse glacière au dos et un vélo posé à ses pieds, à Lodz en Pologne où il arrondit ses fins de mois comme livreur de repas.
Rubén Limardo est déjà qualifié pour les Jeux de Tokyo, mais il se heurte à un obstacle de taille: en raison de la crise dans son pays et de la pandémie, il a dû chercher une solution pour subvenir aux besoins de sa famille. 
« Si vous êtes à Lodz, en Pologne, et que vous passez la commande chez Uber Eats, il est possible que votre nourriture vous soit livrée par un champion qui a décidé de ne jamais abandonner », a lui-même révélé l’escrimeur sur son compte Twitter.
D’autant qu’il n’est pas le seul à devoir s’escrimer sur un vélo pour poursuivre son rêve olympique: vingt autres membres de l’équipe vénézuélienne d’escrime sont établis à Lodz.
– Zone industrielle –
Leurs tenues blanches contrastent avec les couleurs jaune-bleu-rouge de leur pays qui dominent dans le décor de cet ancien atelier de production.
« On reçoit très peu d’argent du Vénézuéla où c’est la crise. Et la pandémie a tout bouleversé: il n’y a pas de compétitions, les JO de Tokyo sont repoussés, des sponsors disent qu’ils vont de nouveau nous payer après la nouvelle année. Il faut donc gagner de l’argent dans la rue », conclut Limardo.
« Ca nous permet de vivre, de poursuivre des études. On s’entraide dans l’entraînement, à payer le loyer, chacun travaille pour financer tout le groupe… J’ai ma femme et mes deux enfants. Il faut bien acheter des vêtements, des médicaments », explique-t-il en polonais qu’il parle couramment.
Rubén Limardo vit depuis 19 ans en Pologne, encouragé par un oncle qui a imaginé un centre pour escrimeurs vénézuéliens dans ce pays européen en plein essor économique depuis la chute du communisme et pas trop cher encore.
Il a aussi créé un club pour pouvoir participer à des tournois locaux et une école d’escrime pour enfants de Lodz.
« C’est dur, mais on continue à travailler », admet-il. 
« Mais avant tout on s’entraine pour être prêts à reprendre la compétition à tout moment », insiste Limardo, éliminé dès le 2e tour des JO-2016 de Rio.
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