Devenu symbolique de la lutte contre le racisme dans le foot, l’affiche de Ligue des champions entre le Paris SG et le Basaksehir Istanbul a trouvé mercredi un épilogue émouvant et spectaculaire (5-1), au lendemain de son interruption sur fond d’accusations visant un arbitre.
Au Parc des Princes, des banderoles ont été déployées et les joueurs ont posé un genou à terre, un geste associé à la lutte antiraciste, pour montrer que l’atmosphère a bien changé en un jour, au lendemain d’une soirée au retentissement mondial: mardi, les joueurs avaient choisi de quitter la pelouse et de ne pas reprendre le jeu en réaction aux propos du quatrième arbitre.
Le match ayant été arrêté à 0-0 à la 13e minute de jeu, il a repris mercredi soir au même chronométrage, avec une nouvelle équipe arbitrale. Le Paris SG, déjà assuré d’être en huitièmes de finale, s’est imposé sur un score de 5-1, avec un somptueux triplé du Brésilien Neymar (21e, 38e, 50e), s’assurant la première place de sa poule et un tirage a priori plus favorable.
Mais si le spectacle et le jeu ont été au rendez-vous, l’issue sportive était presque secondaire dans cette rencontre qui a marqué les esprits.
Durant l’échauffement, les joueurs et les arbitres avaient revêtu un tee-shirt « NO TO RACISM » (Non au racisme). Puis, juste avant la reprise du jeu, les joueurs et les nouveaux arbitres désignés se sont rassemblés dans le rond central, posant un genou à terre, un geste devenu un symbole du mouvement « Black Lives Matter » contre le racisme et les violences policières.
« Non au racisme », pouvait-on lire sur une bâche installée dans l’une des tribunes centrales, alors que dans le virage Auteuil les ultras ont affiché leur « soutien à M. Webo » et leur « fierté » devant l’attitude des joueurs.
Sur le banc de touche, Pierre Achille Webo était bien présent, un autre symbole fort. Malgré lui, il a été l’un des protagonistes de cette polémique conclue par le retour au vestiaire de tous les joueurs, un geste inédit à ce niveau, dans un monde du football souvent taxé de laxisme et d’indifférence sur ce sujet.
Le controversé Ovidiu Hategan a été remplacé au sifflet par l’expérimenté Néerlandais Danny Makkelie. Un changement d’arbitre était l’une des conditions des joueurs pour reprendre le match.
Mercredi, le monde sportif a salué à l’unanimité la décision des joueurs parisiens et stambouliotes de rentrer au vestiaire.
« Une symbolique forte », a déclaré en France la ministre déléguée aux Sports Roxana Maracineanu, tandis que son homologue roumain Ionut Stroea présentait ses « excuses au nom du sport roumain ».
L’indignation de nombreux sportifs américains contre l’injustice raciale, au sein du mouvement « Black Lives Matter », a marqué une prise de conscience collective de l’autre côté de l’Atlantique.
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