Paris-Roubaix: à la Trouée d’Arenberg, « une ambiance de festival » pour l’entrée en enfer

Plusieurs jours de fête pour quelques secondes de folie pure: dimanche, les supporters sont venus par milliers à la Trouée d’Arenberg pour offrir une « ambiance de festival » aux coureurs de Paris-Roubaix, dans ce secteur pavé qui marque réellement le début de « l’Enfer du Nord ».
Si le secteur attire autant, ce n’est pas par hasard: à un peu moins de 100 kilomètres de l’arrivée, la Trouée d’Arenberg est le premier secteur classé en catégorie cinq, la plus relevée. Les coureurs y arrivent lancés à près de 60 km/h, rendant leur passage d’autant plus spectaculaire et dangereux. Traditionnellement, c’est là qu’explose définitivement ce qui reste de peloton.
Cette année, les Jumbo-Visma avaient éparpillé les coureurs dans le secteur précédent. Dans la Trouée, à l’applaudimètre, ce sont des Belges qui ont dominé: Wout van Aert et « Lampi » (Yves Lampaert) sont passés sous les cris de leurs supporters. Mathieu van der Poel, autre favori, a pu profiter des encouragements de sa mère, Corinne Poulidor, fille de Raymond. 
« Ici, tout est réuni » pour vivre pleinement la course, assure Noël Vulcain, venu pour la quatrième fois. Une fan-zone est installée juste avant l’entrée du secteur pavé et des animations sont prévues dans les jours qui précèdent la course.
Aux premières heures du jour et face au froid matinal, le café est le produit phare aux buvettes. Mais, avec le franc soleil qui se montre sur les coups de dix heures, beaucoup finissent par passer à la bière – du Nord, évidemment.
Pour s’assurer d’avoir une place, Noël et ses amis sont arrivés dès jeudi. « Ça fait déjà quatre fois qu’on vient. En arrivant si tôt, on pensait avoir de la place, mais dès jeudi le parking pour camping-cars était blindé », s’étonne-t-il. Il a finalement trouvé un emplacement, « le dernier ».
– « Ici, c’est spécial » –
Ce Champenois s’est armé d’un bonnet rouge et d’un drapeau breton « pour Warren (Barguil) », explique-t-il. Le Morbihannais n’est pas au départ, mais le coeur a ses raisons…
Les déguisements, c’est une tradition de la Trouée, au moins autant que le cyclisme. À quelques mètres du « bonnet rouge » Noël, Jésus-Christ sort de sa voiture avant de se rendre sur le secteur pavé.
Comme l’indique la croix qu’il porte et sur laquelle est inscrit « Allez Wout », Jésus est Belge. De son vrai nom Florent Dubois, il vient de Péruwelz, ville wallonne située à quelques kilomètres. « C’est le secteur le plus mythique, il y a toujours une bonne ambiance… on va y participer », espère-t-il.
C’est ce que souhaite également une de ses compatriotes, Axelle Demeyere, couronne de fleurs aux couleurs de la Belgique autour du cou. « En Belgique, l’ambiance est toujours incroyable, mais ici c’est encore plus spécial », assure-t-elle.
L’ambiance, certains spectateurs n’ont pas attendu le passage des coureurs pour la mettre. Alors que le peloton n’a pas encore pris le départ de Compiègne (Oise), plusieurs groupes applaudissent les amateurs qui s’essaient sur leurs vélos au franchissement de la Trouée, dont certains semblent trouver dans ces encouragements le supplément d’âme qui leur permet d’aller jusqu’au bout.
– Ambiance de festival –
Une centaine de mètres après l’entrée du secteur, un groupe d’une trentaine de jeunes Belges semble particulièrement préparé. Avec leurs propres fûts et sono, ils frappent sur les panneaux publicitaires au rythme de « YMCA » et de « We will rock you », avant d’applaudir avec vigueur deux secouristes qui passent par là.
« C’est une ambiance de festival », s’amuse Patrick Isaaksen, venu du Danemark avec son père, Jan.
Dès leur installation, les deux Scandinaves ont accroché leur drapeau à la barrière devant eux. Lequel vient se mêler à des fanions du monde entier: Belgique, Flandres, France, bien sûr, mais aussi Eswatini, petit État africain qui n’a jamais envoyé de représentant sur Paris-Roubaix.
Après plusieurs jours de fête en attendant la course, la Trouée d’Arenberg se vide rapidement à peine le peloton passé. Pour beaucoup, le choix de ce secteur est stratégique: il reste encore plus de deux heures aux coureurs avant d’arriver, le temps pour les supporters de filer jusqu’à Roubaix.
kau/fbx

Les coureurs de Paris-Roubaix dans la Trouée d'Arenberg le 9 avril 2023

Les coureurs de Paris-Roubaix dans la Trouée d’Arenberg le 9 avril 2023

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