Les Ultims dans le port de Saint-Malo, premier défi de la Route du Rhum

« On va croiser les doigts! ». Pour la première fois, le port de Saint-Malo va accueillir les Ultims de dernière génération, qui devront passer par une écluse, une opération délicate destinée à permettre au public d’admirer ces géants des mers avant le départ de la Route du Rhum le 6 novembre.
L’équation est simple: les Ultims, ces trimarans aux dimensions gigantesques pouvant valoir une vingtaine de millions d’euros, font 23 m de large. L’écluse du Naye, la seule donnant accès aux bassins de la cité corsaire, fait 25 m de large.
« Si l’on compte les défenses des bateaux (les pare-battages, ndlr), on est à 50 cm de marge de manœuvre de chaque côté, c’est un beau défi! », résume Thomas De la Broise, commandant de port-adjoint, du haut de la capitainerie, qui offre une vue plongeante sur l’écluse et la célèbre citadelle.
Lors de la précédente édition en 2018, les Ultims étaient restés à l’écart du village, peu accessibles, ce qui avait « frustré » les quelque 1,3 million de visiteurs, explique Joseph Bizard, directeur général d’OC Sport Pen Duick, en charge de l’organisation. 
Pour faire entrer les Ultims et éviter tout choc dans l’écluse, les organisateurs ont « imaginé un système de chausse-pied », avec un ponton d’une trentaine de mètres conçu spécialement, qui doit permettre aux huit Ultims de se « poser au propre et d’être bien alignés » avant d’entrer dans le sas, explique M. Bizard.
Ensuite, des lamaneurs tiendront des cordages qui permettront aux bateaux d’avancer pas à pas dans l’écluse longue de 150 m et puis de gagner enfin le grand bassin pour mouiller au pied des remparts, offrant une belle carte postale. L’opération pour faire passer la flotte pourrait durer trois heures.
« C’est un peu paradoxal, on est en 2022 et on va revenir à des opérations à l’ancienne: on va faire déhaler (déplacer un navire au moyen de ses amarres) des Ultims à la main dans l’écluse! », note M. De la Broise.
Autre difficulté potentielle: les conditions « ne pourront pas dépasser 15 noeuds (28 km/h), une limite assez basse vu la saison », prévient-il, les Ultims et leur mât de 30 m de haut devenant peu manoeuvrant par météo venteuse. 
– Montée d’adrénaline –
Ainsi, si le passage des Ultims, fixé en fonction des marées, est prévu mardi à 17H35, les organisateurs pourraient avancer la date en cas de bonne fenêtre méteo, « l’enjeu étant de les faire entrer », souligne M. Bizard. 
Un test grandeur nature réalisé en juillet avec l’Ultim Actual de Yves Le Blevec s’est avéré concluant et incite à l’optimisme, rappelle Anthony Fossard, responsable de l’antenne portuaire. « On a l’habitude de faire passer des navires d’une largeur quasi équivalente, mais qui ont une robustesse plus exacerbée que les Ultims ». Lors de l’édition 2010, des Ultims de première génération, moins larges, avaient pu mouiller dans un des bassins du port. 
Amélie Dupuy, directrice d’exploitation du port de Saint-Malo, prévient que « tout le monde aura les yeux rivés sur les passage des Ultims. Ce sera tolérance zéro sur les erreurs de manoeuvre », prévient-elle, autant pour leur entrée que pour leur sortie prévue le 4 novembre, deux jours avant le départ de la Transatlantique.
Alors que Saint-Malo, ville de 46.000 habitants, va accueillir l’équivalent de la population de l’Estonie (1,3 million), pour une édition avec un nombre record de participants et des Ultims dans le bassin, la question du gigantisme se pose avec acuité.
« Comment fait-on un événement proportionné au capacité du territoire? C’est ce qu’on va devoir discuter à l’avenir avec l’organisateur de la course: on va arriver aux limites de la capacité de ce que l’on peut faire », prévient Stéphane Perrin, vice-président de la région Bretagne et élu référent du port de Saint-Malo, propriété de la région. 
En attendant, le passage des Ultims dans l’écluse, avec deux tribunes installées offrant une capacité d’un millier de places, devrait constituer le premier temps fort de 12e édition du « Rhum ». Et une première montée d’adrénaline pour les skippers, les organisateurs et les autorités portuaires.
mas/fd/et/

Un plongeur dans les eaux de l'écluse de Naye, à Saint-Malo, dans le nord-ouest de la France, le 17 octobre 2022.

Un plongeur dans les eaux de l’écluse de Naye, à Saint-Malo, dans le nord-ouest de la France, le 17 octobre 2022.

Carte du port de Saint-Malo, en Bretagne, pointant l'écluse du Naye

Carte du port de Saint-Malo, en Bretagne, pointant l’écluse du Naye

Des plongeurs nettoient l'écluse de Naye, à Saint-Malo, dans le nord-ouest de la France, le 17 octobre 2022.

Des plongeurs nettoient l’écluse de Naye, à Saint-Malo, dans le nord-ouest de la France, le 17 octobre 2022.

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