Le verdict au procès du créateur des « Football Leaks » reporté au 13 juillet

Le verdict dans le procès de l’auteur des révélations des « Football Leaks » sur les dérives du foot-business, accusé de piratage informatique et de tentative d’extorsion, a été reporté au 13 juillet, a annoncé vendredi le tribunal de Lisbonne. 
L’audience au cours de laquelle devait être rendu le jugement du procès qui s’est ouvert en septembre 2020 a été suspendue pour accorder à la défense de Rui Pinto un délai pour prendre connaissance et réagir à des changements dans la description des faits qui lui sont reprochés, a expliqué la juge présidente Margarida Alves.
« C’est une question technique », a réagi son avocat Francisco Teixeira da Mota à la sortie du tribunal. Sans entrer dans les détails, il a reconnu que la décision du tribunal d’amender l’accusation risquait d’être défavorable à son client. « Il est prévisible qu’il y ait une condamnation », a-t-il dit.
Rui Pinto répond de 89 faits de piratage informatique, qui vont de la violation de correspondance au vol de données commis contre le club du Sporting Portugal, le fonds d’investissement Doyen Sports, la Fédération portugaise de football, un important cabinet d’avocats et même des magistrats du parquet portugais.
– Lanceur d’alerte –
Il est également jugé pour tentative d’extorsion, crime passible d’une peine comprise entre deux et dix ans d’emprisonnement. Selon l’accusation, le Portugais aurait voulu faire chanter le patron de Doyen, son compatriote Nélio Lucas, en lui réclamant entre 500.000 et un million d’euros pour cesser de publier des documents compromettants.
A la fois prévenu et témoin protégé coopérant avec la police de son pays, le Portugais de 34 ans se présente comme un lanceur d’alerte agissant pour l’intérêt public, mais il a reconnu au cours de son procès avoir obtenu illégalement des millions de documents qu’il a commencé à publier directement sur internet fin 2015.
Après avoir été confiée à un consortium de médias d’investigation européens, cette manne d’information a mis en lumière des pratiques douteuses impliquant joueurs vedettes, clubs et agents, conduisant à des redressements fiscaux et des enquêtes judiciaires dans plusieurs pays.
De la publication des salaires de Lionel Messi ou Neymar à une accusation de viol contre Cristiano Ronaldo, entretemps classée sans suite, en passant par les stratégies de contournement du fair-play financier de Manchester City ou par le fichage ethnique au Paris Saint-Germain, la planète foot a été profondément secouée par cette gigantesque fuite d’informations.
– « Luanda Leaks » –
Arrêté en janvier 2019 en Hongrie, où il vivait, puis extradé dans son pays, Rui Pinto a passé plus d’un an en détention provisoire avant d’accepter de coopérer avec les autorités dans d’autres affaires, en leur permettant d’accéder aux données cryptées qu’il avait en sa possession.
Les autorités françaises ont également sollicité la collaboration du Portugais, qui est aussi à l’origine des « Luanda Leaks », une enquête publiée en janvier 2020 accusant la femme d’affaires angolaise Isabel dos Santos — fille de l’ex-président Jose Eduardo dos Santos qui avait dirigé l’Angola sans partage de 1979 à 2017 — d’avoir accumulé une immense fortune de manière frauduleuse.
A la fin de son procès, il a admis avoir obtenu des informations confidentielles en ayant recours à des intrusions informatiques « illégitimes » avec « un groupe d’amis » qu’il a refusé d’identifier.
Il a par ailleurs regretté son comportement envers Doyen Sports et Nélio Lucas, en le décrivant comme « une énorme bêtise qui a permis aux critiques de minimiser les mérites des +Football Leaks+ » et en assurant qu’il n’avait jamais eu l’intention d’aller au bout de son chantage.
La loi portugaise ne lui permet pas de bénéficier d’un statut de lanceur d’alerte, mais ses avocats espèrent que les juges tiendront compte de l’intérêt public de ses révélations au moment de rendre leur verdict.
tsc/lf/cyj

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