Le bodysurf au Cap, corps à corps épuré avec la vague

L’aube émerge derrière la montagne, à l’approche de la plage. Sur le parking, des torses nus, combinaison pendant sur les hanches. Teint hâlé et cheveux longs, certains empoignent une planche, d’autres rien du tout: ils sont adeptes du bodysurf.
Lundi matin, il est un peu plus de 06h00. Un bandeau rose habille l’horizon au-dessus de Noordhoek, près du Cap. « Howzit bru? » (Ça va, frère?) Anthony se dépêche, après il va travailler. Neels lui s’en fout, il est plongeur sur des plateformes offshore. Quand il n’est pas en mission, il a tout son temps. 
Sur les rochers, des groupies observent les petits bonhommes chahutés par les rouleaux. A gauche, ils se hissent sur leurs planches, redessinant la vague de façon élégante pour les meilleurs, chutant dans des cascades maladroites pour d’autres.
« Ta cage thoracique devient la coque d’un bateau », raconte Cobus Joubert, beau gosse juvénile de 50 ans. Planchettes sur les mains pour améliorer la glisse et la stabilité, ou à mains nues, ils semblent tomber en diagonale dans les tunnels du ressac, le corps cambré pour limiter le contact avec l’eau qui freine. 
Le bodysurf, « tu le pratiques gamin, intuitivement, avant même de savoir que ça porte un nom », dit-il. 
Cobus se dit « plus détendu » sans planche. « Je me sors de situations dangereuses facilement, il suffit de passer sous la grosse vague, de descendre dans l’eau. Tu es plus mobile » qu’avec une planche qui s’accroche à la surface.
« T’as de bonnes pensées ou la tête vide », dit-il. 
Évidemment, sans planche, « tu intéresses beaucoup moins les filles », plaisante-t-il. C’est une pratique de niche, solitaire, zéro frime. 
Ce spot est « l’un des plus beaux » de la péninsule du Cap, la « définition même du surf » dans ce bout du monde, guide Cobus, amoureux de son mode de vie, que certains comparent parfois à celui de la Californie. Une vie saine, largement passée dehors, en « confrontation régulière avec la nature ». 

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