Face à Pogacar, « il faut sortir les tripes et attaquer », dit Andy Schleck

Vainqueur du Tour de France sur tapis vert en 2010, l’ancien grimpeur luxembourgeois Andy Schleck, dans un entretien accordé mardi à l’AFP, ne voit qu’une solution pour battre Tadej Pogacar, le coureur le plus fort qu’il ait « jamais vu »: l’attaque à tout va.
« Les coureurs attendent trop. Ils pensent au lendemain et à un moment donné, on voit la Tour Eiffel et c’est fini », dit-il avant deux étapes au format XXL dans les Alpes mercredi et jeudi, où les coureurs grimperont notamment deux fois le Galibier, col où il s’était imposé en 2011 à l’issue d’une étape de légende et d’un raid solitaire de 60 kilomètres.
QUESTION: Pour vous, revenir au Galibier, c’est forcément spécial?
RÉPONSE: « Quand on arrive dans les montagnes sur le Tour de France je suis toujours content. J’ai gagné une étape ici à Morzine-Avoriaz. Mais le Galibier, c’est ma plus belle victoire. Je suis fier de ce que j’ai fait. Les gens pensent que j’étais parti sur un coup de tête. Pas du tout. J’avais bien calculé mon truc. Ce jour-là, personne n’a osé y aller, personne n’a cru en moi. Leur répondre avec la victoire, c’était très spécial. Et quand je monte aujourd’hui le col en voiture (il est ambassadeur pour Skoda sur la Grande Boucle, NDLR), je me demande comment j’ai fait, tellement c’est dur. »
Q: Un raid de 60 kilomètres en solitaire, c’est encore possible aujourd’hui pour un prétendant au classement général ?
R: « Oui, mais il faut des tripes. Regardez dans ce Tour, qu’est-ce qu’il va se passer s’ils continuent comme ça ? Tadej (Pogacar) va gagner. Je vois deux, trois équipes qui peuvent changer le classement mais il faut qu’elles soient intelligentes. Et il faut attaquer ! Pour ça, il faut du courage. Peut-être qu’ils vont perdre le Tour, mais il faut essayer. Geraint Thomas, par exemple, est troisième au général. Mais troisième au général, qu’est-ce que c’est pour lui ? Il a déjà gagné le Tour (en 2018, NDLR). Les coureurs attendent trop. Ils pensent au lendemain et à un moment donné, on voit la Tour Eiffel, on est à Paris, et c’est fini. »
Q: Vous pensez que le Tour va se jouer dans les Alpes ?
R: « Mercredi et jeudi, ce sera dur, très dur. Certains coureurs ne doivent pas être contents de voir Pogacar faire les sprints, prendre toutes les étapes. Il a le droit. Mais quand il fait le sprint (pour la cinquième place) lors de la victoire de Bob Jungels dimanche, ça peut énerver, ça crée de la tension. »
Q: Des équipes comme Jumbo et Ineos pourraient-elles s’allier pour piéger Pogacar ? 
R: « Oui, il faut être prêt à des alliances, que les Jumbo ne courent pas derrière les Ineos et vice-versa. Pour moi, la Jumbo possède la clé avec Wout Van Aert. C’est le plus fort du peloton. Lui il peut changer les classements. Mais il faut l’utiliser intelligemment comme équipier. Là il va tous les jours dans les échappées, j’espère qu’il va se calmer un peu. Roglic a gagné Paris-Nice grâce à lui. »
Q: Geraint Thomas a dit que Pogacar était plus fort que d’autres anciens vainqueurs comme Chris Froome ou Alberto Contador. C’est aussi votre avis ?
R: « Mercredi et jeudi, ce sera dur, très dur. Certains coureurs ne doivent pas être contents de voir Pogacar faire les sprints, prendre toutes les étapes. Il a le droit. Mais quand il fait le sprint (pour la cinquième place) lors de la victoire de Bob Jungels dimanche, ça peut énerver, ça crée de la tension. »
Q: Des équipes comme Jumbo et Ineos pourraient-elles s’allier pour piéger Pogacar ? 
R: « Oui, il faut être prêt à des alliances, que les Jumbo ne courent pas derrière les Ineos et vice-versa. Pour moi, la Jumbo possède la clé avec Wout Van Aert. C’est le plus fort du peloton. Lui il peut changer les classements. Mais il faut l’utiliser intelligemment comme équipier. Là il va tous les jours dans les échappées, j’espère qu’il va se calmer un peu. Roglic a gagné Paris-Nice grâce à lui. »
Q: Geraint Thomas a dit que Pogacar était plus fort que d’autres anciens vainqueurs comme Chris Froome ou Alberto Contador. C’est aussi votre avis ?
R: « En tous cas, il est certainement plus fort que moi ! Je pense que j’aurais pu le suivre en montagne et même lui être un peu supérieur au-dessus des 2.000 mètres. Alberto (Contador) aussi. Mais pour moi, c’est le plus grand coureur que j’ai jamais vu. Froome dominait mais pas comme Pogacar. Il sait tout faire, il est même capable de gagner des sprints. »
Q: Il a déjà gagné deux Tours de France à seulement 23 ans, jusqu’où peut-il aller ?
R: « Difficile à dire : on ne peut pas savoir quels sont les effets à long terme d’avoir connu le succès aussi jeune. Parce que c’est une sacrée pression. On est jeune, on rigole… Lui, il rigole toujours, je pense que c’est parfois un peu +fake+. Mais la pression, il l’a certainement et elle va augmenter. Et à un moment donné, tu paies tout ça. »
Propos recueillis par Jacques KLOPP
jk/rbo/hpa

Andy Schleck (à gauche) et Alberto Contador sur les pentes du Galibier, versant Valloire, le 22 juillet 2011 lors de la 19e étape du Tour de France. Je pense que j'aurais pu le suivre (Pogacar) en montagne et même lui être un peu supérieur au-dessus des 2.000 mètres. Alberto aussi, dit le Luxembourgeois

Andy Schleck (à gauche) et Alberto Contador sur les pentes du Galibier, versant Valloire, le 22 juillet 2011 lors de la 19e étape du Tour de France. Je pense que j’aurais pu le suivre (Pogacar) en montagne et même lui être un peu supérieur au-dessus des 2.000 mètres. Alberto aussi, dit le Luxembourgeois

Tadej Pogacar en jaune mardi 12 juillet 2022 à l'arrivée de la 10e étape du Tour de France. C'est le plus grand coureur que j'ai jamais vu (...) Il sait tout faire, il est même capable de gagner des sprints, dit de lui Andy Schleck

Tadej Pogacar en jaune mardi 12 juillet 2022 à l’arrivée de la 10e étape du Tour de France. C’est le plus grand coureur que j’ai jamais vu (…) Il sait tout faire, il est même capable de gagner des sprints, dit de lui Andy Schleck

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