Escrime: la riposte de Jérent devant l’antidopage français pour laver son honneur

Comment un accident de la route a placé l’escrimeur Daniel Jérent dans le viseur d’une procédure antidopage sans lendemain et permis à Romain Cannone de participer aux JO de Tokyo où il a décroché contre toute attente l’or olympique ?
Près d’un an après sa révélation au grand jour avec le retrait de Daniel Jérent de la liste des sélectionnés, l’invraisemblable feuilleton qui a privé l’épéiste des Jeux olympiques de Tokyo touche à son épilogue.
Le tireur de 31 ans entend mercredi blanchir son nom, biffé au dernier moment par la Fédération française d’escrime en raison d’une procédure antidopage le visant. Une décision est attendue dans les jours suivant mercredi son audience publique devant la commission des sanctions de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD).
– « Pas un tricheur » –
« J’aimerais vraiment être libéré de ça, prouver à tout le monde de façon catégorique que je ne suis pas un tricheur », livrait l’épéiste mi-avril à l’AFP. « Il n’y a pas d’accord possible à partir du moment où je n’ai rien fait. »
Le champion olympique par équipes de Rio-2016 a repoussé l’offre d’accord de l’AFLD d’abandonner les poursuites sans sanction à son encontre.
Avec celui-ci, proposé en raison « des éléments apportés à l’automne » par l’intéressé, l’AFLD accréditait déjà l’explication de Daniel Jérent. A savoir que la dorzolamide (un produit à effet diurétique) détectée lors d’un contrôle en novembre 2020 provenait de transfusions sanguines effectuées après un accident de la route subi en avril en Guadeloupe, île natale de l’escrimeur.
Problème, « il était précisé dans cet accord que Daniel reconnaissait avoir violé le code mondial antidopage », détaille à l’AFP son avocat Me Jean-Jacques Bertrand.
« Il n’y a pas d’accord possible à partir du moment où je n’ai rien fait, insiste Daniel Jérent. On a pu démontrer que le produit venait des transfusions sanguines après mon accident. Ils en veulent plus. Ils ne veulent pas reconnaître leur tort, il y a des questions de crédibilité. »
Sans compter que cela lui aurait fermé la porte d’une éventuelle demande de réparation de son préjudice: son absence des JO de Tokyo l’été dernier.
La dorzolamide, trouvée habituellement sous forme de collyre pour faire baisser la tension oculaire en cas de risque de glaucome, peut également être détournée pour masquer l’utilisation de produits interdits.
Le lien avec les transfusions a tardé à être établi par l’escrimeur, car entre la date de celles-ci et celle du contrôle positif de novembre 2020, deux tests étaient revenus négatifs. Leur fiabilité est en cause, selon Me Bertrand.
Après plusieurs mois d’une enquête enclenchée en mai 2021 quand l’épéiste et son entourage ont pris conscience d’une possible faillibilité des tests négatifs de juillet et septembre 2020, deux poches de sang du CHU de Guadeloupe ayant servi aux transfusions ont été analysées. L’une d’elle s’est bien révélée positive à la dorzolamide.
– Dossier « extrêmement favorable » –
Ce qui fait dire à Me Bertrand que ce dossier est « extrêmement favorable à l’athlète ». Raison pour laquelle, lui et son client ont demandé la publicité de l’audience de mercredi, requête acceptée par la commission.
« Ça reste pesant tant que les choses ne sont pas claires et écrites noir sur blanc, regrette Daniel Jérent. Ça laisse place à des doutes. »
D’autant qu’en juin 2018, en raison de trois manquements à ses obligations de localisation (« no shows »), le natif de Saint-Claude avait été suspendu un an. Il avait pu revenir juste à temps pour les Mondiaux-2019, qualificatifs pour Tokyo, et les épéistes français avaient décroché l’or à Budapest avec Daniel Jérent sur la piste.
Sans lui, ils ont pris la porte en quarts de finale au Japon. Mais Romain Cannone, repêché in extremis comme troisième tireur français pour l’individuel en l’absence de Daniel Jérent avait conquis la première médaille d’or française des JO. Rarement malheur de l’un aura autant fait bonheur d’un autre.
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