En Espagne, Mediapro touché mais pas coulé par le scandale du foot français

Paria dans l’Hexagone depuis son retentissant divorce avec la Ligue française de football professionnel (LFP), le groupe sino-espagnol Mediapro a réussi à sauvegarder sa relation avec le foot espagnol malgré une réputation entachée.
Alors qu’en France, l’affaire est remontée jusqu’à l’Elysée, elle a fait peu de bruit en Espagne, où le groupe dirigé par Jaume Roures détient une partie des droits télévisés du championnat espagnol, ceux lui permettant de diffuser les rencontres dans les bars et hors d’Espagne.
La ligue espagnole et Mediapro ont toutefois dû renégocier à la baisse les termes de leur contrat alors que des milliers de bars ont fermé en Espagne en raison de la pandémie.
« On n’a eu aucun problème entre LaLiga et Mediapro, parce qu’on a renégocié ce qu’il fallait renégocier. Personne n’a dit qu’il fallait arrêter ce contrat parce que les bars sont fermés. Ce qu’il faut savoir, c’est que quand on a une crise comme celle-là, certaines choses doivent être renégociées », a souligné M. Tebas sans dévoiler de chiffres.
Pour Francesc Rufas, spécialiste en marketing sportif, le foot espagnol a tout intérêt à ne pas reproduire le scandale français pour ne pas se mettre en danger. « Ils n’ont rien à gagner à donner l’impression que certains clubs, ou la Liga, pourraient avoir des problèmes pour toucher l’argent » des droits télévisés, explique-t-il.
« La Liga préfère gagner moins, mais gagner quand même », affirme M. Rufas. « S’il y avait eu une renégociation à la baisse (en France), Mediapro aurait payé. Moins, mais ils auraient payé », pense-t-il. 
Le poids économique de Mediapro est toutefois moins important en Espagne puisque les droits de diffusion domestique du championnat espagnol (hors bars) ne sont plus détenus par ce groupe mais par le groupe de télécommunications Telefonica, qui s’en est emparé en 2018 via sa filiale Movistar.
L’influence de Mediapro « n’est plus ce qu’elle était, maintenant c’est Movistar qui a la part du lion en termes de droits sportifs », explique Joan Celma, spécialiste de la gestion des entreprises sportives.
La trésorerie du groupe, qui tourne autour de 90 millions d’euros, reste « faible », estimait fin janvier Moody’s.
L’avenir du groupe est en grande partie entre les mains de son actionnaire majoritaire chinois, le fonds Orient Hontai Capital, qui a impulsé la stratégie « agressive » d’acquisition de droits « sans lui fournir les liquidités suffisantes », rappelle Francesc Rufa.
Le réalisateur espagnol a assuré à l’AFP avoir une « relation stable et de confiance depuis vingt ans avec Mediapro, ce qui n’est pas habituel dans ce milieu ». 

SportsMax
Logo