Dopage: la Russie joue devant le TAS son avenir dans le sport mondial

La Russie contestera à partir de lundi devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) sa mise au ban des grandes compétitions décrétée pour quatre ans par l’Agence mondiale antidopage (AMA), épilogue d’un rocambolesque affrontement au parfum de Guerre froide.
Exaspéré par les tricheries russes à répétition, le gendarme mondial du dopage avait demandé une audience publique, à la hauteur du pire scandale de dopage d’Etat depuis des décennies, venu démentir l’illusion d’un sport de plus en plus « propre ».
Sans équivalent dans l’histoire de la justice sportive, ce litige concentre les attentes: celles des athlètes russes, menacés de quatre ans sans compétitions de prestige; de l’AMA, qui a déployé des efforts d’enquête inédits; et du monde sportif, CIO en tête, à huit mois des Jeux olympiques de Tokyo.
– Faux messages –
Il s’agit cette fois de valider ou non la panoplie de sanctions proposées en décembre 2019 par l’AMA et refusées par l’agence antidopage russe, Rusada, en raison du trucage des fichiers informatiques du laboratoire antidopage de Moscou pour la période 2011-2015.
Le gendarme antidopage a donc appliqué l' »ISCCS », texte introduit en avril 2018 qui l’autorise à sévir tous azimuts: non seulement la Russie est bannie pour quatre ans des épreuves sportives majeures, dont les JO de Tokyo, Pékin (hiver/2022) et Paris (été/2024), mais elle ne peut pas non plus les organiser sur son sol. Seuls les athlètes prouvant leur absence de recours au dopage pourront s’aligner sous bannière neutre.
Loin de se limiter aux escarmouches d’experts en informatique, l’affaire remonte à 2010, implique les services secrets et le ministère russe des Sports, et a attisé les tensions entre Moscou et les instances sportives perçues comme des instruments de domination occidentale.
Il y a dix ans, la coureuse russe de demi-fond Yuliya Stepanova et son mari Vitaly, ex-contrôleur de Rusada, avaient alerté l’AMA du dopage institutionnalisé en Russie, puis avaient fini par se tourner vers la chaîne allemande ARD, qui avait diffusé à partir de décembre 2014 une série de documentaires accablants.
Pour égarer les observateurs de l’AMA aux JO-2014 de Sotchi, avait expliqué le scientifique, son équipe escamotait les flacons d’urine des athlètes russes par un « trou de souris » conduisant à un membre du FSB, les services secrets russes. L’espion, déguisé en agent d’entretien, déscellait le capuchon censé être inviolable avec un outil de chirurgien tordu pour l’occasion, puis remplaçait le contenu par de l’urine « propre » stockée au préalable.

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