De la guerre en Syrie aux bassins olympiques, l’odyssée d’Ibrahim Al-Hussein

Amputé d’une jambe à la suite d’un bombardement en Syrie, Ibrahim Al-Hussein, porte-drapeau de la première équipe paralympique de réfugiés de l’histoire des Jeux, s’entraîne dans l’espoir de se qualifier pour Tokyo, car « il n’y a rien d’impossible ». 
Sur le bord de la piscine olympique d’Athènes, l’athlète se déshabille, s’échauffe les muscles puis retire sa prothèse. Il rejoint le bassin en sautillant à cloche-pied: « Il faut se battre. Avec son corps, avec son cœur ».
Alors âgé de 15 ans, le jeune Syrien suit les exploits de Ian Thorpe et Michael Phelps dans la capitale grecque depuis son poste de télévision à Deir ez-Zor, en Syrie. Il nage aujourd’hui dans les mêmes lignes d’eau que les champions australien et américain et veut prendre leur suite, malgré une jambe en moins.
Car la vie d’Ibrahim Al-Hussein ressemble plus à une odyssée moderne qu’à un long fleuve tranquille. Une histoire qui s’écrit au fil de l’eau et des épreuves traversées depuis les rives de l’Euphrate jusqu’aux bassins olympiques, en passant par la mer Égée.
La guerre civile éclate en 2011 et pousse rapidement des millions de Syriens sur les routes de l’exil, dont la famille d’Ibrahim. Lui temporise mais perd sa jambe droite dans un bombardement en 2012.
Malgré son handicap, la dangereuse traversée depuis les côtes turques jusqu’à l’île grecque de Samos sur un bateau de fortune n’effraie pas celui qui a appris à nager dès l’âge de cinq ans.
Armé de sa nouvelle jambe et de son statut de réfugié, obtenu en 2015, Ibrahim reprend le cours d’une vie écorchée, multiplie les petits boulots et réapprend le sport avec son nouveau corps.
Il enchaîne les victoires dans les compétitions handisport nationales et tape dans l’œil du Comité Hellénique Olympique. Pour le relais de la flamme olympique 2016, on lui confie la torche qu’il porte symboliquement à travers le camp de réfugiés Eleonas, à Athènes. 
« La route s’est ouverte. Quand j’avais mes deux jambes, je rêvais de participer aux Jeux Olympiques. J’ai réussi avec une seule jambe », rigole-t-il.
Depuis 2016, Ibrahim Al-Hussein a participé aux championnats d’Europe et championnats du monde handisport de natation.
Après avoir longtemps nagé à contre-courant, Ibrahim espère désormais couler des jours plus tranquilles, mais il s’entraîne quotidiennement pour faire partie des six athlètes qui composeront l’équipe paralympique des réfugiés aux JO de Tokyo, du 24 août au 5 septembre.
ak/chv/ng/lve

SportsMax
Logo