CHAN au Cameroun: le foot malgré les menaces liées au conflit séparatiste

A deux pas du Moungo, le fleuve qui marque en partie la séparation entre les régions anglophones et francophones du Cameroun, blindés légers et camions remplis de soldats sont aux aguets depuis le début du Championnat d’Afrique des nations (CHAN).
Ce tournoi – qui réunit 16 équipes nationales africaines évoluant sans leurs stars jouant hors du continent – constitue une répétition générale avant la Coupe d’Afrique des nations (CAN), la compétition-phare du foot africain prévue en janvier 2022.
Depuis quatre ans, les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest sont en proie à un sanglant conflit entre groupes armés qui réclament l’indépendance de ces zones anglophones et forces de sécurité. Les violences ont fait plus de 3.000 morts et plus de 700.000 déplacés, les civils sont pris en tenaille et victimes de crimes et d’exactions des deux camps, selon des ONG internationales et l’ONU.
Alors que la phase de qualification pour les quarts de finale s’achève, les craintes redoublent à Limbé, chef lieu de la région du Sud-Ouest qui abritera l’une des demi-finales, comme à Buea, site d’entraînement de certaines sélections.
Mardi et mercredi, à l’approche du match Zambie-Namibie à Limbé, les bourgades situées sur la route reliant cette station balnéaire à Douala étaient quasi-désertes.
Depuis l’ouverture du CHAN, les « villes mortes » (« ghost town ») sont décrétées chaque jour et veille de match à Limbe.
« C’est normal que l’on soit en état d’alerte. Les ennemis de la paix sont là, toujours actifs malgré tout », commentait un officier de police à Buea.
A Molyko, le boulevard qui coupe Buea en deux, gît la carcasse calcinée d’une voiture. Quatre autres épaves calcinées gisent encore sur le chemin vers Limbé.
Les convois de militaires sont parfois visés par des IED, des explosifs improvisés disposés en bordure de route.
En descendant la montagne vers Limbé, comme dans certaines zones ultra-sécurisées de Buea, la vie paraît plus normale cependant. Des grappes d’écoliers et de lycéens regagnent la maison après une journée de classe. Commerces et bars font le plein.
Mardi, « tout le monde s’est mis à l’abri après l’explosion d’une bombe », qui n’a pas fait de blessés, non loin du stade, témoigne Harris, 19 ans, encore sous le choc. « Par prudence », ce fan du ballon rond n’est pas allé voir Zambie-Namibie comme il le prévoyait.
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