C1: Basaksehir, « le club d’Erdogan » qui rêve d’infliger un revers à Paris

Passé en quelques années de club municipal à champion de Turquie, le Basaksehir Istanbul, qui reçoit mercredi le Paris Saint-Germain en Ligue des champions (18h55), a dynamité la hiérarchie du football dans son pays mais est accusé d’être un instrument du président Recep Tayyip Erdogan.
Pour la première participation de son histoire à la phase des poules de C1, le club orange et indigo aurait pu rêver mieux: défait en ouverture par Leipzig (2-0), Basaksehir doit maintenant affronter les Parisiens, finalistes de la dernière édition, et Manchester United.
« Nous allons jouer ce match à fond, et même si en face de nous il y a un géant du football mondial, nous croyons en nous », déclare ainsi à l’AFP Hüseyin Avcilar, co-dirigeant du groupe ultra Basaksehir 1453.
Il n’a ainsi été que le cinquième club à remporter le championnat turc depuis 1984, monopolisé par ses concurrents stambouliotes, à l’exception d’une victoire anecdotique de Bursaspor, en 2010.
Pour ses détracteurs, Basaksehir doit son succès au soutien du gouvernement et à la puissance financière des entreprises et sponsors proches du parti islamo-conservateur AKP du président Erdogan.
Créé dans les années 1990 par la municipalité d’Istanbul, le club a été vendu en 2014 à des entreprises proches du pouvoir. Son principal sponsor est Medipol, un groupe hospitalier privé dirigé par l’actuel ministre de la Santé.
M. Erdogan n’avait pas hésité à mouiller le maillot pour l’inauguration du nouveau stade de l’équipe en 2014, prenant part à un match de gala lors duquel il avait inscrit un mémorable triplé face à des défenseurs peu pressés d’aller au contact.
« Pendant Gezi, ils ont pu voir la puissance politique des supporters. Basaksehir, c’est un projet visant à créer un modèle de club sous contrôle », estime ainsi un ultra de Besiktas ayant requis l’anonymat de peur de perdre son emploi dans la fonction publique.
Outre ses liens avec le pouvoir, Basaksehir doit surtout sa réussite sportive à une organisation et un modèle économique rigoureux qui tranchent avec des clubs dirigés par des présidents élus, incités à dépenser sans compter pour satisfaire le « peuple » des supporters.
Pour M. Avcilar, du groupe Basaksehir 1453, c’est aussi « une politique des transferts taillée sur mesure » qui explique le succès du club, loin des ponts d’or bâtis par ses rivaux pour attirer des gloires sur le déclin.
Mais en dépit de ses succès sportifs, Basaksehir peine encore à s’imposer comme le « quatrième géant » d’Istanbul et son stade, rarement rempli à plus du quart, sonne creux.
« Cela va demander beaucoup d’efforts à Basaksehir pour construire une culture du football et être accepté comme un vrai rival par les +Trois Grands+. Il faudra au moins une génération », souligne M. Sarigul.
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