Bleues: Corinne Diacre, un mandat face aux bourrasques

Depuis son entrée en fonction en août 2017, la sélectionneuse de l’équipe de France féminine Corinne Diacre a vécu un mandat agité, entre choix décriés, turbulences extrasportives et résultats en dents de scie. 
. Le brassard de la discorde
A sa nomination après l’Euro-2017, Corinne Diacre renverse la table et retire le brassard de capitaine du biceps de Wendie Renard, déjà taulière de la défense et de l’équipe. Désireuse de voir Renard « se recentrer sur ses prestations individuelles », elle mise sur Amandine Henry, plus discrète. 
La décision marque un premier accroc dans la relation complexe entre Renard et Diacre, même si celle-ci fera un pas vers la Lyonnaise quatre ans plus tard en lui redonnant le brassard, concédant qu’il faut « tirer les enseignements, se remettre en cause ». Renard accepte après réflexion, mais précise l’avoir fait « surtout par rapport au groupe France ».
. 2019: à domicile, la désillusion
Le Mondial en France en juin 2019, premier grand objectif du mandat de Diacre, s’arrête en quart de finale pour l’équipe de France, battue par les futures championnes du monde américaines (2-1).
La sélectionneuse reconnaît « un échec sportif », tout en assurant que les Bleues « ne sont pas très loin » des USA. 
Ses méthodes et ses choix sont forcément questionnés: celui de laisser de côté la meilleure buteuse de D1 Marie-Antoinette Katoto, notamment, fait beaucoup parler.
Et les critiques de Diacre envers sa meilleure buteuse Eugénie Le Sommer, qui n’aurait pas respecté toutes les consignes tactiques selon elle, laissent craindre des dissensions dans le futur.
. Henry, Bouhaddi, Thiney… Clash et critiques
L’après-Coupe du monde est une succession de tempêtes pour la sélectionneuse. Renard livre sa version des faits sur le capitanat perdu dans son autobiographie, l’ex-cadre Gaëtane Thiney invite Diacre à « moderniser » son management, et la gardienne Sarah Bouhaddi fait une pause avec la sélection. Cette dernière va même jusqu’à dire, dans une interview à OL TV, qu’il lui paraît « impossible » de « gagner un titre avec cette sélectionneuse ».
Mais le clash le plus marquant a lieu en novembre 2020, en plein rassemblement, quand Diacre rappelle à l’ordre sa capitaine Amandine Henry. « Dans la vie tout se paie! », lance-t-elle à la milieu devant plusieurs joueuses, une scène rapportée par une source proche du vestiaire lyonnais. « Tu me menaces? », lui répond Henry. 
Quelques jours plus tôt, la joueuse de l’OL avait rendu public son malaise dans une interview à Canal+ où elle évoquait des « retours pesants et négatifs » venus du vestiaire tricolore. Elle aussi perdra son brassard et sera progressivement écartée des Bleues.
. L’affaire Hamraoui-Diallo, lourde de conséquences
L’affaire rocambolesque de l’agression de la milieu Kheira Hamraoui en novembre 2021 laisse des traces dans le vestiaire de l’équipe de France. Hamraoui se met en effet à dos Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto, des proches d’Aminata Diallo, suspectée d’avoir commandité l’agression et mise en examen plus tard dans cette affaire.
Le dossier aurait pu rester loin des Bleues, car Diacre n’avait quasiment jamais compté sur Hamraoui dans son début de mandat… Mais par deux fois, la sélectionneuse surprend en appelant la milieu, en février 2022 puis en février 2023.
Et cela fait des vagues: lors d’un France-Pays-Bas (3-1), Diani et Katoto célèbrent un but en soutien à Diallo sous les yeux de Hamraoui, assise sur le banc des remplaçantes. Un an plus tard, le retour de cette dernière n’est pas du goût de Diani, qui préfère « s’abstenir de tout commentaire » à ce sujet « pour éviter d’être vulgaire ».
. L’Euro-2022 et l’automne, un constat d’échec
Alors qu’elle s’était fixée l’objectif de la finale de Wembley, Corinne Diacre essuie une élimination en demi-finale à l’Euro, face à l’expérience de l’Allemagne (2-1). L’objectif de la Fédération est atteint, en revanche, ce qui conduit le président de la Fédération Noël Le Graët à ouvrir la voie à une prolongation de Diacre jusqu’en 2024 dès le lendemain du tournoi. 
Sans délai de réflexion, le dirigeant prolonge sa sélectionneuse jusqu’aux JO de Paris. Lui qui estime que les Bleues « progressent » va vite déchanter, en octobre, après les défaites en Allemagne (2-1) et en Suède (3-0), deux concurrentes pour le titre mondial.
« Ce type de match, ce n’est pas possible », peste alors Renard. « Ca doit alerter ». Quatre mois plus tard, l’alerte n’a pas été entendue et la capitaine décide d’abandonner le navire.
ama/jr/jde

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