Biathlon: la neige stockée devenue la « norme » des sports d’hiver

Comment sont préparées les pistes de compétition ? Quelles évolutions possibles à l’avenir face au réchauffement climatique ? Eléments de réponse et perspectives après la polémique provoquée par le transport de neige par camions avant l’étape de Coupe du monde de biathlon au Grand Bornand qui a débuté jeudi.
. D’où vient la neige transportée ?
« C’est de la neige de stockage », conservée depuis l’hiver précédent « par la technique du snowfarming », c’est-à-dire en la recouvrant d’une épaisse couche de sciure de bois aux « qualités naturelles d’isolation », explique à l’AFP Yannick Aujouannet, secrétaire général du comité d’organisation de l’étape de Coupe du monde au Grand-Bornand. Ce procédé permet de conserver 70 à 80% du volume initial, ajoute-t-il.
En l’occurrence, cette neige est constituée à « 50% de neige de culture », produite à partir d’eau pluviale issue des retenues collinaires du village haut-savoyard, « et à 50% de neige naturelle », poursuit Yannick Aujouannet.
Concrètement, c’est la moitié des 24.000 m3 utilisés pour recouvrir la piste qui a été transportée par camions au début du mois, depuis le site de stockage du Chinaillon situé à neuf kilomètres du stade de biathlon, précise-t-il. L’autre moitié était conservée directement sur le site de la compétition.
. Cet enneigement artificiel est-il exceptionnel ?
« Je peux dire que je n’ai pas connaissance d’un site où on a organisé une Coupe du monde uniquement sur de la neige naturelle dans les cinq dernières années », constate auprès de l’AFP le secrétaire général de la Fédération internationale de biathlon (IBU) Max Cobb.
Même à Kontiolahti en Finlande, à près de 500 kilomètres au nord d’Helsinki, où a été donné le coup d’envoi de la saison fin novembre, on recourt à de la neige stockée.
« Soyons clairs: il y a de la belle neige, tout a l’air blanc, mais sans une partie de neige artificielle sur la piste, on ne pourrait pas organiser cette compétition, même ici, en Finlande. La neige naturelle seule n’est pas suffisante », reconnaît Max Cobb.
Au-delà du biathlon, dans lequel il est impliqué au niveau international depuis trois décennies, le dirigeant de l’IBU observe que « les sports d’hiver ne survivraient pas sans neige stockée, c’est la norme aujourd’hui. »
L’enjeu, c’est aussi la qualité du revêtement neigeux demandée par l’IBU pour proposer une compétition sportive sûre et équitable: « très compacte, pas meuble », décrit Yannick Aujouannet. « Vous ne faites pas courir un 100 m à Usain Bolt sur une piste cendrée. Les skieurs, c’est la même chose », compare-t-il.
« Cette qualité, on l’a soit avec de la neige de culture, soit avec de la neige stockée », explique-t-il. Pour obtenir la même avec de la neige naturelle, « il faudrait la travailler beaucoup, ça veut dire utiliser des dameuses, pour la compacter et qu’elle devienne dure », ce qui ne serait pas neutre en termes d’empreinte carbone.
. Quelles pistes sont envisagées par l’IBU ?
A court terme, et face aux préoccupations environnementales grandissantes, l’IBU « ne prévoit pas de changement » à son calendrier, arrêté jusqu’au bout de l’olympiade à peine entamée et qui mènera jusqu’à 2026, explique son secrétaire général.
Et après ?
« La solution pour nous passe par jouer très attentivement sur l’approche géographique dans notre programmation. Etudier si on devrait faire les deux premières étapes dans les pays nordiques (qui n’accueillent actuellement que la première étape du circuit de la Coupe du monde, NDLR), et après, descendre en Europe centrale. C’est quelque chose dont on va discuter à coup sûr », évoque-t-il, en excluant de « trop compresser le calendrier, sinon on traite les biathlètes comme des gladiateurs ».
Pour le Grand-Bornand, janvier, par exemple, « serait parfait. J’avoue que je dormirais beaucoup mieux la nuit », souffle Yannick Aujouannet.
Autre piste évoquée, qui pourrait elle donner des sueurs froides à l’étape française, qui culmine à 928 m, élever l’altitude minimale fixée par les instances pour l’organisation d’une étape de la Coupe du monde.
« Pour l’instant, la limite (basse) est à 800 m. A long terme, il faudra probablement étudier si on peut la relever », esquisse Max Cobb.
La réglementation actuelle de l’IBU limite à 1.800 m l’altitude maximale de ses tracés de compétition.
es/jr/hpa

Le pas de tir, lors d'un entraînement avant l'épreuve de Coupe de biathlon du Grand-Bornand, le 14 décembre 2022

Le pas de tir, lors d’un entraînement avant l’épreuve de Coupe de biathlon du Grand-Bornand, le 14 décembre 2022

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