Basket: Thomas Heurtel, meneur persona non grata chez les Bleus

En s’engageant à Saint-Pétersbourg pour deux ans mercredi malgré la mise au ban du sport russe pour prix de la guerre en Ukraine, Thomas Heurtel s’est fermé les portes de l’équipe de France de basket-ball, nouvel épisode d’une carrière entre ombre et lumière.
Alors qu’il avait signé avant l’Euro une attestation sur l’honneur « indiquant qu’il n’était pas engagé et qu’il n’envisageait pas de signer avec un club russe ou bélarusse », selon la Fédération française de basket-ball (FFBB), Heurtel a finalement rejoint pour une année et une autre en option le Zénith Saint-Pétersbourg mercredi, quatre jours seulement après la fin de la compétition.
La FFBB a donc rappelé la règle jeudi : le meneur aux 99 sélections ne peut pas jouer pour les Bleus s’il évolue au sein d’un club russe et hypothèque ses chances de disputer la Coupe du monde l’année prochaine, voire les Jeux olympiques de Paris dans deux ans.
Surtout, sa signature pour le Zénith pose problème, sept mois après le début de la guerre en Ukraine, qui a pris un nouveau tournant mercredi après que le président russe Vladimir Poutine a décrété la mobilisation partielle de quelque 300.000 réservistes et menacé d’utiliser l’arme nucléaire. La semaine dernière, le président ukrainien Volodymyr Zelensky dénonçait un nouveau charnier, à Izioum, ville située à l’est du pays et tout juste reprise par l’armée ukrainienne.
En outre, Heurtel a choisi de rejoindre le pays qui a condamné la basketteuse américaine Brittney Griner à neuf ans de prison pour trafic de cannabis, dans un contexte de relations diplomatiques tendues avec les États-Unis.
–  Laissé sur le tarmac –
Ce n’est pas la première fois que la carrière de Heurtel prend une tournure inattendue. En décembre 2020, alors qu’il venait de perdre avec Barcelone contre l’Efes en Euroligue, le club catalan l’avait laissé sur le tarmac de l’aéroport d’Istanbul, l’accusant d’avoir secrètement négocié son départ vers le Real Madrid, éternel rival.
Selon la presse catalane, il était plutôt convenu qu’il signe à Fenerbahçe, qui venait de perdre un autre international français, Léo Westermann.
Après cette brouille, Heurtel et le Barça s’étaient séparés à l’amiable, puis le meneur de 33 ans avait effectué une pige jusqu’à la fin de la saison à l’Asvel, avant de signer au Real.
Mais tout ne s’était pas passé au mieux dans la capitale espagnole, où Trey Tompkins et lui avaient été écartés du groupe en avril 2022, alors que son club était en pleine crise sportive. 
« C’est une décision technique. Ils ne s’entraînent plus avec l’équipe. Il n’y a pas de drame. C’est ma décision (…) C’est une décision définitive », avait alors affirmé Pablo Laso, l’entraîneur du Real, en conférence de presse.
– Bleu irrégulier –
Persona non grata chez les deux grands d’Espagne, Heurtel l’est désormais aussi en équipe de France, qu’il a pourtant bien aidée à remporter la médaille d’argent lors de l’Euro achevé dimanche sur une défaite en finale devant l’Espagne.
Magistral lors de la prolongation contre l’Italie en quart de finale, le joueur de 1,89 m a réalisé un bon tournoi dans l’ensemble, malgré son accrochage avec Rudy Gobert, l’un des deux leaders de l’équipe, lors d’un temps mort contre la Hongrie, en phase de groupes.
En Bleu, sa carrière fut aussi faite de hauts et de bas. De ses faits d’arme, on retiendra surtout le tir à trois points en fin de match contre l’Espagne des frères Gasol, qui avait permis à la France d’écarter la Roja devant son public lors du Mondial-2014.
« Thomas Heurtel, donne-moi ton short », s’était alors époumoné le commentateur de Canal + David Cozette, rendant la séquence mémorable.
Heurtel n’a toutefois pas toujours été bon lors des fins de matches serrés, s’obstinant parfois dans l’effort individuel alors qu’une solution collective se présentait à lui. 
En Russie, le meneur retrouvera deux autres Français, Livio Jean-Charles (quatre sélections), joueur du CSKA Moscou, et Louis Labeyrie (33 sél.), qui évolue à Kazan. Loin des Bleus.
rbo/ll/fbx

Le Français Thomas Heurtel (à droite) à la lutte pour le ballon lors du match d'Euroligue face au Lyonnais Guerschon Yabusele, le 27 novembre 2020 à Villeurbanne.

Le Français Thomas Heurtel (à droite) à la lutte pour le ballon lors du match d’Euroligue face au Lyonnais Guerschon Yabusele, le 27 novembre 2020 à Villeurbanne.

Le Français Thomas Heurtel (à gauche) lors du quart de finale d'Eurobasket 2022 face à l'Italie , le 14 septembre 2022 à Berlin

Le Français Thomas Heurtel (à gauche) lors du quart de finale d’Eurobasket 2022 face à l’Italie , le 14 septembre 2022 à Berlin

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