Angleterre: avec Aston Villa, Emery ne fait plus rire personne

Parfois raillé pour son accent prononcé quand il était à Arsenal, Unai Emery a convaincu même les plus sceptiques en faisant d’Aston Villa, quasi-relégable à son arrivée, un candidat à l’Europe avant d’affronter Manchester United, dimanche, pour la 34e journée de Premier League.
Successeur d’Arsène Wenger, Emery n’avait ni sa stature ni sa communication limpide et les Gunners n’ont pas eu avec lui la patience témoignée à son successeur Mikel Arteta.
Sa seule saison complète, 2018/2019, avait été encourageante mais ternie par une dernière ligne droite ratée avec une 5e place et une défaite en finale de Ligue Europa contre Chelsea (4-1).
Après 13 journées seulement, lors de l’exercice suivant, Emery avait pris la porte, victime d’un recrutement raté, d’erreurs individuelles à répétition de ses joueurs, qui semblaient ne pas comprendre ses attentes, et de sa communication difficile.
Lui-même a reconnu dans The Guardian, en 2020, qu’il lui manquait alors « la profondeur linguistique pour expliquer » les défaites et son accent lui faisant prononcer « good evening » à l’espagnole, le v devenant phonétiquement un b.
« Quand je prononçais +good ebening+ et qu’on avait gagné, c’était rigolo, quand on avait perdu, c’était une honte absolue », avait-il résumé.
– Il a snobé Newcastle –
Grâce à ses succès à Villarreal — victoire en Ligue Europa 2021, demi-finales de la Ligue des champions 2022 en éliminant la Juventus et le Bayern Munich –, Emery est resté sur le radar des clubs anglais.
Newcastle, au moment de la reprise par les Saoudiens, avait fait de lui sa priorité, mais il avait estimé le projet trop vague.
Quand Aston Villa l’a sollicité mi-octobre, alors que le club était à trois points de la zone rouge, il a cédé à la tentation de faire taire ses détracteurs.
Il a débuté par une victoire impressionnante contre les Red Devils 3-1 lors du match aller, puis une deuxième en championnat à Brighton (2-1), qui lui ont offert la sérénité nécessaire pour imprimer sa marque lors de la trêve liée au Mondial.
Maniaque du détail, il a modifié la façon de jouer de plusieurs titulaires, donnant à son équipe des principes clairs mais aussi une grande flexibilité tactique.
« On rend difficile pour les autres équipes de comprendre ce pour quoi on est bons », avait résumé récemment le capitaine John McGinn, qui assure qu’Emery l’a rendu « plus espagnol ».
« En Ecosse, tu fais plus de deux-trois touches avant de donner le ballon, on te hurle dessus. Mais lui me dit que si personne ne presse, je peux garder un peu le ballon et rester calme. Chaque jour j’apprends quelque chose de nouveau avec lui », avait-il détaillé au micro de TalkSport.
– Sur le même rythme qu’Arsenal ou City –
Il a fait travailler aux défenseurs centraux Tyrone Mings et Ezri Konsa l’orientation de leur corps à la réception du ballon ou montré des vidéos d’Edinson Cavani, Pierre-Emerick Aubameyang ou Carlos Bacca, qu’il a eus sous ses ordres, à l’attaquant Ollie Watkins.
Résultat: 11 buts lors des 14 dernières journées pour Watkins et Aston Villa a fait trembler les filets lors de chacun des 22 matches depuis son arrivée, prenant 39 points en 19 journées de championnat. Seul Arsenal fait mieux (41), City en ayant pris 38 en 17 rencontres.
Lorsque Villa a payé 6 millions d’euros pour l’arracher à Villarreal, l’objectif était le maintien, finir pour la première fois depuis 12 ans dans le haut du classement aurait été une franche réussite.
Au lieu de ça, l’Europe est « le nouvel objectif », a admis Emery en conférence de presse, vendredi.
Avec 54 points, Aston Villa (6e) n’est devancé qu’à la différence de but par Tottenham (5e), les deux équipes étant virtuellement qualifiées pour la Ligue Europa.
Derrière, Liverpool n’est qu’à un point avec un match en moins et Brighton à cinq points mais avec trois matches en moins, sachant qu’un billet pour la C4 attend le 7e.
« Dimanche, il faudra aborder le match pour jouer et apprécier cette opportunité qui se présente (…) On l’a méritée, même si ce sera évidemment très difficile », a-t-il ajouté, dans un anglais bien meilleur. 
hap/bvo/cd/

L'entraîneur d'Aston Villan Unai Emery lors d'un match contre Chelsea, le 1er avril 2023 à Stamford Bridge

L’entraîneur d’Aston Villan Unai Emery lors d’un match contre Chelsea, le 1er avril 2023 à Stamford Bridge

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